LA DYSGRAPHIE

Qu’est-ce que la dysgraphie ?

L'écriture est une activité motrice fine complexe, de construction longue et difficile, dont la maîtrise demande plusieurs années pour chaque enfant. Lorsque l'enfant écrit, même s'il finit par le faire de manière relativement satisfaisante, c'est au prix de beaucoup d'efforts, de contrôle et d'attention. Son attention est focalisée sur l'écriture, aux dépens des activités d'apprentissages (comprendre, mémoriser, déduire, faire des liens...) qui sont pourtant l'essentiel des objectifs scolaires (situations de «double-tâche»). Le problème est surtout que son écriture n'est pas automatisée et nécessite un grand effort attentionnel.

Selon le Professeur Julian DE AJURIAGUERRA, neuropsychiatre et psychanalyste : « Est dysgraphique tout enfant dont la qualité de l’écriture est déficiente alors qu’aucun déficit neurologique important ou intellectuel n’explique cette déficience ».

La dysgraphie est un trouble persistant qui affecte l'écriture et son tracé (du grec dus- difficulté et graphein - écriture). Elle atteint l’écriture dans son aisance, sa rapidité, sa lisibilité. On parle de dysgraphie quand l’écriture manuelle est trop lente, fatigante ou illisible. Les lettres sont cabossées, anguleuses, retouchées, réalisées en plusieurs morceaux…

Ce n’est pas un manque d’attention, encore moins un manque de volonté, c’est la fonction « graphique » qui est touchée. Ceci se traduit par des difficultés de coordination et de la conduite du trait.

Celle-ci peut apparaître à tout moment de la vie et être plus ou moins sévère.

Le plus souvent, chez l'enfant, la dysgraphie est isolée, c'est à dire sans déficit neurologique ou intellectuel associé.

La dysgraphie peut parfois être secondaire à une pathologie neurologique présente dès la naissance ou évolutive.

C’est un trouble spécifique des apprentissages qui s'intègre aux « troubles dys » auxquelles elle est fréquemment associée : dyslexie, dyspraxie, dysorthographie…


La graphothérapie est à la dysgraphie ce que l’orthophonie est à la dyslexie.
LES CAUSES

Certaines causes sont évoquées pour expliquer cette dysgraphie :


  • Immaturité au moment de l'apprentissage

  • Mauvaise intégration de « pré-requis » : coordination oculo-manuelle, schéma corporel, organisation spatio-temporelle, langage…

  • Problèmes de latéralité

  • La relation entre certaines dominances de l’œil, de la main, de l’oreille, du pied et de l’hémisphère cérébral - mauvaise tenue du stylo ou posture inadéquate - autre difficulté complémentaire : dyslexie-dysorthographie, dyspraxie, trouble du langage, hyperactivité, précocité…

  • Traumatisme physique ou psychologique : accident, situation familiale difficile…

  • Maladie : Parkinson…

La dysgraphie peut être instrumentale ou réactionnelle. Dans ce dernier cas, il peut s'agir d'un refus du modèle scolaire ou d'un évènement familial (venue d’un petit frère, décès d’un grand-parent, divorce….). L’enfant ressent alors fortement ces situations difficiles et son écriture est le reflet de son état d’esprit.

On distingue plusieurs sortes de dysgraphies selon J. de Ajuriaguerra: dysgraphies raides, dysgraphies molles, dysgraphies lentes et précises, dysgraphies impulsives.

A l’heure actuelle, on estime qu'elle est présente chez environ 10 % des enfants d’âge scolaire. Elle touche en majorité les garçons. Les dysgraphies sévères peuvent être dépistées dès l'école maternelle.

LE CAS DES GAUCHERS


Il y aurait 10 % de gauchers dans la population. Au lieu de tirer son instrument graphique, le gaucher est obligé de le pousser, ce qui entrave le déroulement cursif. Le bras gauche ne peut effectuer son mouvement de translation, gêné par sa butée contre le torse, à mesure que l'écriture progresse vers la droite. C'est une cause qui prédispose aux dysgraphies.


Les enfants dysgraphiques peuvent bénéficier d'aménagements scolaires à la fois dans leur scolarité quotidienne et pour la passation des contrôles et des examens (Tiers temps supplémentaire pour les examens...).

Un Plan d'Accompagnement Personnalisé (PAP) peut être élaboré permettant la mise en place d'aménagements de la scolarité (prise en charge sur le temps scolaire), d'aménagements pédagogiques (allègement scolaire, photocopies de cours), l'attribution de matériel adapté (ordinateur...) et l'obtention de tiers temps supplémentaire.

Dans certains cas, si les aménagements nécessaires sont moins importants, un Projet d'Accueil Individualisé (PAI) avec le médecin scolaire, les parents et l'enseignant pourra être élaboré.

Il faut privilégier la qualité de la production graphique plutôt que la quantité.

L’enfant doit pouvoir reprendre confiance en lui en étant remotivé et valorisé au quotidien. Malgré de gros efforts et des progrès évidents, certaines adaptations des outils scripteurs et des propositions de travail s’avèreront nécessaires.

On peut pour certains enfants, afin d’éviter les exercices de copie, fournir des photocopies.

Si la dysgraphie s’avère réellement handicapante, l’utilisation d’un ordinateur pourra être proposée (un travail spécifique avec un ergothérapeute sera alors nécessaire).